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Alfred Valensi est né à Tunis, Tunisie en 1878. Au cours de la guerre, il était en France. Déporté par le Convoi 53 de Drancy,Camp,France à Sobibor,Camp d'extermination,Pologne le 25/03/1943.
Alfred a été assassiné pendant la Shoah.
Ces informations sont basées sur un/e Liste des déportations de France, dans: Le Mémorial de la déportation des juifs de France, Béate et Serge Klarsfeld, Paris 1978.
source :http://www.harissa.com/D_Histoire/detunisaaushwitzalfredvalensi.htm
Alfred Valensi was born in Tunis, Tunisia in 1878. During the war he was in France. Deported with Transport 53 from Drancy,Camp,France to Sobibor,Extermination Camp,Poland on 25/03/1943.
Alfred was murdered in the Shoah.
This information is based on a List of deportation from France, found in Le Mémorial de la déportation des juifs de France, Béate et Serge Klarsfeld, Paris 1978.
Transport 53 from Drancy,Camp,France to Sobibor,Extermination Camp,Poland on 25/03/1943
De Tunis à Auschwitz
ALFRED VALENSI: NAISSANCE DU SIONISME TUNISIEN
par Elia Boccara (Milan)
En Juin 1906 paraissait sur la Revue Politique et Parlementaire de Paris un long essai ayant pour titre Le Sionisme, écrit par Alfred Valensi, un jeune avocat juif de Tunis. Valensi faisait partie de la Communauté Juive Portugaise, dont dautres Valensi, ses parents, furent présidents pendant un siècle environ. Né en 1878, Alfred Valensi était citoyen autrichien, car son père était un haut fonctionnaire du Consulat dAutriche-Hongrie à Tunis, tandis que les autres Valensi auxquels jai fait allusion étaient devenus français et fonctionnaires, au XVIIIème et XIXème siècle, du Consulat de France. Grace à une loi du Protectorat Français Alfred devint français en 1909. Linterêt précoce pour le sionisme sexplique si lon pense que dans son jeune âge Valensi et le viennois Théodore Herzl étaient compatriotes. Larticle qui nous occupe, qui fut distribué à Tunis, sous forme dextrait, marque le début de la diffusion des idéaux de Herzl dans la capitale maghrebine.
±Le Sionisme est un mouvement nationaliste [...], cest à dire un mouvement démamcipation nationale. Cest un de ces nombreux mouvements nationalistes nés au siècle dernier et qui ont conduit à lautonomie tant de peuples grands et petits [...], qui aspirent à la liberté et à lindépendance» : cest là le début de larticle, qui fait allusion à léclosion des nationalités en Europe. Impossible de taire le fait que Vladimir Jabotinsky sera un des grands admirateurs du Risorgimento italien et de ses principaux acteurs, mais en 1906 toute influence de Jabotinsky sur Valensi est exclue : leur rencontre aura lieu beaucoup plus tard. Pour le jeune Alfred il est clair que ±le territoire que le Sionisme veut donner au peuple juif est la Palestine. Pourquoi la Palestine ? Parce que cest pour les juifs la terre ancestrale, cette patrie perdue, dont le souvenir, objet dun amour profond et tendre, a été fidèlement maintenu par les fils dIsraél au cours de leur martyre pluriséculaire».
Reparcourant lhistoire du peuple juif à partir de 70 e.v. , Valensi rappelle que la foi dIsraél sexprimait dans le passé à travers lattente ±naïve et émouvante dun Messie libérateur qui aurait ramené un jour les fils dispersés dIsraél dans leur ancienne patrie [...]. Pendant tout le Moyen Age et une bonne partie des temps modernes le patriotisme juif demeura lié à la religion». Toutefois avec lémancipation des juifs dans lOccident et la diffusion de la libre pensée, pour eux ±le dogme messianique devient purement symbolique. Il ne faut plus croire en un retour réel dIsraél en Palestine : la promesse de ce retour a une signification uniquement spirituelle et sera le triomphe du monotéisme hébraique et de léthique juive dans le monde». Cest là une évidente allusion à la Science du Judaïsme et aux positions initiales du judaïsme réformé (cf. La plateforme de Pittsburgh de 1885 et, un siècle avant, la déclaration des juifs de Francfort, inspirée par Moïse Mendelssohn). En contraste avec le judaïsme de lEurope occidentale, dans lErope orientale, chez les élites intellectuelles ±le sentiment national juif se dépouille de plus en plus de son caractère religieux [...] et le retour dIsraél en Palestine apparaît desormais comme le résultats nécessaire des efforts personnels du peuple juif».
A la mémoire historique et au réveil des nationalités Valensi ajoute, comme facteur catalysateur pour la naissance du Sionisme, la diffusion de lAntisémitisme. Il parcourt les différentes phases du pré-sionisme du XIXème siècle et il rappelle les réalisations des premiers pionniers, qui reçoivent une forte impulsion de la part des pogroms russes : ±Nous nous trouvons déjà en présence dun vèritable mouvement national. Mais ce mouvement manque dampleur et de cohésion [...]. Il manquait au Sionisme le grand apôtre qui, en précisant les idées de ses précurseurs, devait proposer un programme daction, créer lorganisation même du mouvement et lui donner une vigoureuse impulsion. Le Sionisme attendait lhomme qui devait être en même temps son Marx et son Lassalle. Cet homme fut Théodore Herzl».
Après avoir illustré le programme de Herzl, tel quil lexpose dans son Der Judenstaat, Valensi rapporte les enthousiasmes, mais aussi les hostilités, que cette publication éveilla dans le monde juif. Selon lui, au début du XXème siècle on pouvait considérer comme des ennemis du Sionisme : 1) ±Les juifs occidentaux et, sauf de rares exceptions, les riches», qui craignaient dêtre considérés comme étrangers dans leur pays natal, ces pays qui leur avaient accordé de jure, mais pas toujours de facto les droits civils. 2) ±Les rabbins orthodoxes dOrient avant tout, croyants naïfs, qui attendaient et attendent toujours pour retourner à Sion lintervention miraculeuse du Messie, et considèrent donc le Sionisme, oeuvre purement humaine, comme un sacrilège abominable ; puis les rabbins réformés, disciples plutôt sceptiques du philosophe populaire Mendelssohn, lesquels, de plus en plus indifférents vis-à-vis du destin du peuple juif, avaient effacé de leurs livres de prières le nom même de Sion».
Herzl répondit par le 1er Congrès sioniste de Bâle qui affirma que ±le Sionisme a pour but la création en Palestine pour le peuple juif dune patrie garantie par le droit public». Dautres congrès suivirent, parmi lesquels le 5ème vit la création du Keren Kayemet, alimenté par les dons, dont les entrées étaient destinées par moitié à lacquisition de terres en Israél, tandis que lautre moitié devait être investie de manière différente. Entre temps Herzl déployait une action diplomatique de grande envergure, sollicitant successivement lempereur allemand, le sultan turc et le cabinet anglais, qui proposa daccorder aux juifs une partie de lOuganda, solution qui provoqua de violentes réactions pendant le 6ème Congrès et qui fut définitivement abandonnée pendant le 7ème. Jusquen 1904, année de sa mort, Herzl poursuivit son action diplomatique, réussissant à obtenir un document officiel russe (naturellement intéressé) favorable à la création dun état juif en Palestine, et à se faire recevoir en Italie par Victor Emmanuel III et par le pape Pie X : lexistence du Sionisme était donc officiellement reconnue. Même sil navait pas encore réussi à faire démarrer son oeuvre de colonisation sur vaste échelle, il était déjà présent en Palestine à travers son action capillaire et sa présence dans différents organismes économiques et culturels.
Le credo politique de notre jeune avocat avait alors une couleur nettement socialiste et progressiste : ±Le Sionisme est aussi un mouveent économique et social. La nationalisation du sol, lorganisation coopérative de la production, légalité des droits civils de la femme font partie du programme économique et social du Sionisme». Lauteur se présente par ailleurs comme un supporter du parti prolétaire sioniste Poalé Tsion, né en Russie, qui ±adopte le programme du parti socialiste international, qui a pour but labolition de la société capitaliste et létablissement dun état socialiste».
Il est clair que le Sionisme dAlfred Valensi concerne en particulier les 8 millions de Juifs de lEurope de lEst, où vivaient les quatre cinquièmes de la population juive de lépoque, plutôt que les Juifs occidentaux, qui étaient désormais intégrés. , cest à dire ces Juifs ±qui diffèrent des peuples au sein desquels ils vivent par leur religion, par leurs coutumes, leurs traditions, leur langue (le jiddish), leur littérature, leurs tendances spirituelles [...] ; solidaires à travers leur triste présent, au milieu de ces souffrances indicibles et imméritées qui ont renforcé leurs aspirations populaires et fortifié les mêmes rêves parmi ces parias, les Juifs de lEurope de lEst forment bien un peuple dont la caractéristique est une des plus nettes et des plus vigoureuses».
Alfred Valensi appartenait personnellement au monde séfarade, donc à lOccident. Il cultivait donc un Sionisme éminemment altruiste. Mais quand nous apprenons quune fois établi à Paris il fut déporté à Auschwitz en 1944, nous comprenons quil sétait trompé dans ses calculs : le Sionisme concernait aussi les Juifs occidentaux, comme Herzl lavait prévu après avoir assisté au lynchage moral du capitaine Dreyfus de la part dune foule houleuse qui passa rapidement du cri ±mort au traître !» au plus menaçant ±mort aux Juifs !».
Si Valensi avait écrit quelques années plus tard son article il se serait aperçu quun rabbin de Tunis, et non des moindres puisquil était Grand Rabbin des Juifs livournais, Jacob Boccara, avait embrassé avec enthousiasme la cause sioniste : il fut le premier représentant du judaïsme tunisien au 10ème Congrès sioniste de Bâle en 1911. À Bâle le rabbin Boccara polémiqua avec les ashkenazes qui voulaient faire du jiddish la langue nationale juive et plaida la cause de lhébreu, langue dans laquelle il prononça entièrement son discours. Par ailleurs au siècle dernier, même le judaïsme réformé effaça lancien renoncement au retour dans la Terre Promise (Columbus Platform de 1937), alors que la majorité du judaïsme orthodoxe embrassait la cause du Sionisme.
Remarquons que Valensi évitait toute allusion à la population arabe de Palestine : le problème israélo-palestinien était encore loin. Jai connu à Paris Raphaël Valensi, le fils dAlfred, qui est pour moi un cousin lointain. Cest Raphaël qui ma informé sur lévolution politique de son père. Dans son âge mûr Alfred connut Jabotinsky et il rejoignit les rangs révisionnistes. Il paraît que la raison principale de son abandon de la gauche sioniste était lacceptation de la part de cette dernière dune situation de subordination vis-à-vis du protecteur anglais : Valensi craignait que lon mette de côté lidéal dun État dIsraël indépendant. Jai pu lire une lettre de Jabotinsky à Alfred Valensi, dans laquelle il lassurait de son estime et le remerciait pour le travail précieux quil effectuait en France. Par ailleurs la parenté que Jabotinsky décelait entre le Sionisme et les mouvements irrédentistes européens du XIXème siècle coincidait avec les thèses que Valensi avait soutenu une quinzaine dannées auparavant.
Raphaël ma raconté que pendant loccupation allemande de Paris, où sa famille habitait, son père lenvoya tout de suite avec sa mère à Marseille, où ils purent éviter la déportation, tandis quAlfred ne voulut pas bouger de la capitale parce quil avait ancore une tâche à remplir et parce quun capitaine nabandonne jamais un navire en danger : il affronta courageusement le destin que le sort lui avait reservé
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